#531
allongé sur le fleuve et la ville endormie je cherche à formuler un silence bizarre dans les aboiements lointains les gémissements qui s’échappent des volets je saisis les apparitions à chaque coin de mur un visage vieux et doux un autre jeune et dur un reflet de ville aux yeux rouges en guise de masque le regard droit devant sous le casque au feu vert un canapé défoncé abandonné là sur le trottoir vieux siège offert à qui veut s’asseoir s’allonger s’piquer manger un bout attendre un type qui ne viendra jamais la ville est multitude d’incessantes digressions infini de fictions possibles déconstruction condestruction son bruit de fond est celui d’un chantier qui ne dort jamais vraiment grondement sourd d’une grue qui tourne impatience qui klaxonne moteur qui rugit sous la pluie moi je suis à l’abri la tête sur le traversin j’entends le choc de l’accident puis le silence comme une berceuse échappée d’une fenêtre une perceuse qui perd la tête et fait des trous dans la mémoire des bouts de mon histoire fuit parfois goutte à goutte comme un dégât des eaux à l’intérieur mes parois pissent de l’oubli au creux des heures j’invente les messes basses du voisinage que je n’entends pas je crée un brouhahas d’hommes au fond de moi des voix qui accompagnent mes silences les pensées de ma silhouette traversant la rue déserte derrière le passage des derniers camion container qui heurtent le bitume j’écris le chant des coqs de combat le pas d’un homme buvant seul la lune de ma chambre dans le noir l’écran de l’iPad pour seul lumière seul chemin je défenestre l’imaginaire pour m’écraser dans la ville immobile sur mon lit, nu, ma peau est le territoire vierge à conquérir
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