mercredi 30 octobre 2013
#118
monsieur M.
vous me semblez vide
vide à m'en donner le vertige
vide à penser me jeter dans le vide
du corps à la pensée
déserté
je n'ai su que vous mentir
vous écrire pour mieux vous habiter
ainsi
j'ai fait de chaque détail de votre histoire de la pure fiction
comment pouvez-vous l'accepter?
ne vous sentez-vous pas trahi par les mots dressant le faux portrait de votre masque vide ?
n'êtes-vous jamais tenté de prendre une fois pour toute la parole et rétablir votre vérité ?
...
Soudain, dans le silence qui régnait suite à ces questions idiotes et sans intérêt, j'ai vu dans la fumée son visage...
samedi 26 octobre 2013
#117
Comment
ne pas continuer... mais sortir de là où aucun n'a demandé à être
avant d'y être? ... en fin du compte de son compte.
Comment
au bout de son temps... s'en va-t'on du bail de location de ce corps
où on était tenu à demeure depuis son début?
Un souvenir ça s'efface, une vie ça s'oublie, un corps ça poussière... tout ça quoi, ça s'éloigne.
Un souvenir ça s'efface, une vie ça s'oublie, un corps ça poussière... tout ça quoi, ça s'éloigne.
On
tourne comment la page de tout ça,?... sans fanfares ni prestances
de ce qui s'est passé... s'en aller de tout ça quoi... avec
discrétion et juste quelques uns.
Mais comment? Juste comment n'est-ce pas? .
Mais comment? Juste comment n'est-ce pas? .
Au
bout du bout du silence sonnant ce dernier tocsin des mille combats
de cent batailles perdues, enfin cette chose de douce solitude avec
son linceul apatride.
Une fin se doit être sans foule sans tralala ni brouhaha.
Une fin se doit être sans foule sans tralala ni brouhaha.
L'apatride.
jeudi 24 octobre 2013
#116
imagine
en
cet instant
le vide
dans
ses yeux
fixant
ton
visage
oublié
depuis
Il dit : « Je
ne te reconnais pas.Ta voix ne me dit rien. Pas plus que ton nom.
Es-tu
certain que nous nous sommes un jour connus ? »
C'est
comme s'il lui eût dit, le disant d'une manière si amicale :
l'amitié se retire de nous.
Maurice Blanchot, le pas au-delà
mercredi 23 octobre 2013
#115
Beckett et ses mots plus que jamais tenaces et vivants
écoute les
s'ajouter
les mots
aux mots
sans mot
les pas
aux pas
un à
un
mots survivants
de la vie
encore un moment
tenez lui compagnie
nuit qui fais tant
implorer l'aube
nuit de grâce
tombe
imagine si ceci
un jour ceci
un beau jour
imagine
si un jour
un beau jour ceci
cessait
imagine
jeudi 17 octobre 2013
#114
… 15 567 807, 15 567 808, 15
567 809, 15 567 810...
Serait-ce le bruit des secondes
comptées depuis son dernier courrier ?
Dans l'attente d'une réponse que je ne cesse bien malgré
moi de guetter,
je ne me fais plus d'illusion,
non je
ne vois aucun frère humain à l'horizon.
Son désir de répondre serait-il
devenu, en l'espace de quelques mois, un devoir bien encombrant ?
aux mots dus avait-il écrit...
J'ai beau dire ne plus croire aux
promesses,
j'ouvre encore la boîte aux lettres réservée à ses courriers
tombant sur son absence chaque nuit renouvelée.
Aveugle désir de croire en une adresse digne de confiance, disponible, libre de toute contrainte...
j'ouvre encore la boîte aux lettres réservée à ses courriers
tombant sur son absence chaque nuit renouvelée.
Aveugle désir de croire en une adresse digne de confiance, disponible, libre de toute contrainte...
L'inconnu n'a certes aucun compte à me rendre.
Il peut sincèrement prétexter un voyage, une fuite, un emploi du temps surchargé.
Mais toute excuse est vaine face à la vérité écrite d'une parole donnée.
Ai-je été le seul à croire en cette correspondance, à son exigence, son masque de sincérité ?
Dans la bouche un silence aigre,
celui d'avoir jeté en pâture ma confiance
dans de longues et traîtres lettres.
celui d'avoir jeté en pâture ma confiance
dans de longues et traîtres lettres.
J'écris : pensant à
l'inconnu, monsieur M. a la gueule de bois.
#113
sur la table un couteau me parle d'une cicatrice, celle du sourire de sa gorge tranchée
J'écris :
l'histoire du corps de monsieur M.
mardi 15 octobre 2013
lundi 14 octobre 2013
dimanche 13 octobre 2013
samedi 12 octobre 2013
#109
« Notre rendez-vous se doit d'avoir un prix.
Aussi modeste soit-il. Il vous faudra payer.
C'est ainsi. »
Ainsi, un lundi, la porte était ouverte. Je suis entré.
J'ai échoué ici à cette adresse.
J'y racontais ma parole, cherchant vainement le fin mot de son histoire
tombant un peu plus chaque jour dans une fiction à incessamment relire, corriger, raturer, vérifier.
À force ma voix est devenue celle d'un sujet,
sujet de rêve de mensonge d'écriture délirée de souffrance
de désir d'adresser...
Sujet d'un silence aussi.
Surtout.
En parler
Et puis n'être plus certain que ça serve a quelque chose.
Et puis se rendre compte d'avoir eu besoin de quelque-chose n'ayant servi à rien.
Mon dernier billet à la main
je suis partagé
à la fois triste et soulagé
de quitter la voix m'écoutant dans mon dos.
Je fermerai moi-même la porte.
L'adresse est morte.
Je porte le deuil de ma parole vaine
J'écris : aujourd'hui j'ai dit à mon ami que j'allais
dire au revoir à mon ami du lundi
jeudi 10 octobre 2013
#108 bis
Est ce ainsi que les hommes meurent... ?
Des alphabets ballants les mots n'ont plus de sens
Devenant cris muets sourds dérisoires désespérés
N'y a t-il donc que les hommes pour se noyer
De cette façon dans la nuit d'une mer noire
Est ce ainsi que les hommes meurent... ?
Lam-pe-du-sa
Ce fut un nom éperdu d'une fuite de tant et tant
Ce fut le nom d'une plage de cent linceuls blancs
Lam-pe-du-sa c'est leurs noms
C'est mon nom aujourd'hui. Oui
Encore... et puis
Je vous oublierai. J'oublie déjà.
Regardez moi comme un oubli.
Lam-pe-du-sa
L'apatride avec Hannah Arendt qui disait
Un jour le crépuscule reviendra
La nuit tombera des étoiles,
nous reposerons nos membres
disloqués,
prés d'ici, loin d'ici
mercredi 9 octobre 2013
#108
Les enfants ont tout d'un coup
arrêté de jouer sur la plage remarquant ce qui ressemble à des
silhouettes humaines recrachées par le courant, à même la bave de
la mer...
Qu'est ce que c'est ?
Regarde !
Des corps ?!
Quoi ?
Des corps !
Des corps de quoi ?
Des corps comme le nôtre...
Tu veux dire des corps
d'hommes ? Des corps de noyés ?
Oui, des noyés ! Des
noyés !
Vas prévenir quelqu'un ! Mais
vas-y bon sang !
Les corps se démultiplient sur
le rivage, dorant désormais au soleil pour mieux y brûler.
Leur peau commencent à fondre,
leurs os à rouiller comme les morceaux d'une épave,
celle d'une centaine d'histoires, d'une centaine de noms confiés à
la mer.
Et les enfants médusés devant la centaine de bouches et yeux ouverts sur le ciel bleu, celui qui d'habitude ravit les vacanciers...
Il a suffi à cette centaine d'embarquer sur ce radeau à insomnies donnant le mal de mer, et puis bien s'accrocher les uns aux autres dans l'urgence malgré l'odeur des peurs pissées, des espoirs déjà verts, des voix sans cri derrière leurs dents serrées, cherchant dans l'enfer venteux et salé à dormir un peu espérant ainsi se réveiller au calme à l'aube sur l'autre rive
si et seulement si le radeau
supporte les coups de fouets du vent, la démente traversée de ses montagnes d'eau noire à perte de
vue, comme si l'exil n'avait plus de destination
si et seulement si le radeau
supporte le poids de cette centaine d'hommes effrayés condamnés à
échouer quelque part
même morts, pas d'autre issue
que d'arriver à bon port, sur un bout de plage comme une autre où
au petit matin vient échouer leur dernière nuit de calvaire,
sous le regard médusé d'une poignée d'enfants curieux qui par hasard jouaient
là, sans se douter une seconde que l'histoire des hommes était
macabre à l'autre bout de la mer...
Alors que la centaine de corps est recouverte d'un drap blanc pour un peu de repos, et de paix,
l'air grave des enfants
désormais sans mot regardant au loin... les drames à
l'horizon
dimanche 6 octobre 2013
#107 bis
Un jour demain déjà... déjà
Le voilà au seuil de sa porte
Regardant incrédule sa route
Vers là-bas... déjà là-bas
À partir aujourd'hui avec
Hier déjà si loin derrière
Là où les jours et leurs nuits
Se rejoignent et s'embrassent
Déjà anonymes voilà
L'apatride
#107
au fait somme toute
les mots nous hantent
disant en vain ce que
profèrent les oracles
des fantômes de chacun
dans ses nuits et rêves
n'est-ce pas?
de même monsieur M et son masque de l'absent
de même cet apatride et ses affaires à effacer
de même de même pour d'autres et c'est ainsi
l'apatride
vendredi 4 octobre 2013
tu casa no es el mundo Roque
tu casa no es el mundo Roque
dans la basse brume tout se mélange azul negro rojo ocre
elle pousse la table ronde contre le mur les chaises - elle laisse la fenêtre ouverte
le feu claque le feu s'enfonce le feu traverse tout le corps l'intérieur du corps la pièce tout l'intérieur de la pièce la maison tout l'intérieur de la maison - et autour l'abandon abyssal - plus loin le silence - plus loin une forme d'oiseau
ton prénom est une armure - Roque - une danse de corps brûlé
il n'y a pas d'atelier - la
cuisine avec son sol dallé fait office d'atelier - elle dépose le
papier cartonné les pigments la gouache le white spirit de vieux
chiffons et des pointes plus ou moins fines
le cri s'arrête
el sol arde el rostro arde la mano arde el cuerpo arde la casa arde el arbol arde la silla arde la nuca arde la cadera arde la sombra arde el ojo arde la lengua arde la voz arde el grito arde la cama arde el vestido arde el vencido arde el fuego arde su nombre de pila
elle cherche avec des pigments noir et bleu et du white spirit une forme de nuit opaque - avec des mouvements vifs élancés brisés repris dénoués - elle avance dans l'espace dans sa profondeur - elle ajoute des pigments - parfois la nuit opaque s'éclaircit par le white spirit - elle attend
extirer extrahir extaller -
aucun mot ne vient - elle ne sait pas comment dire
elle cherche la place du visage - elle ne sait pas quelle dimension quelle place donnée au corps au visage
le feu est un bourreau affable - Roque Roque querido Roque quien te llamas Roque tu casa no es el mundo - Roque para vivir te falta el fuego solamente el fuego - Roque Roque qui t'appelle Roque ta maison n'est pas le monde Roque pour vivre il te faut le feu seulement le feu
Roque accepte le baiser du feu - le feu est une échelle acérée - le feu est fou le feu a perdu la tête
le feu l'enferme le feu l'aveugle
elle amplifie son mouvement le mouvement pour faire apparaître le visage – comme une apparition dans une zone d'ombre
longtemps le feu éclaire le corps la pièce la maison - et autour - tout autour
ce feu baise tes pieds
ce feu baise ta main
ce feu borde tes yeux
ce feu avale tes yeux
ce feu borde ton corps
ce feu avale ton corps
dans la nuit opaque elle accentue le contour de la forme avec une pointe fine- le visage le corps apparaissent – dans un mouvement dansé
Roque le grand bruit - le grand
bruit du visage le grand bruit du corps brûlé - le grand bruit de
la vida obscura
le cri s'arrête – la main
continue le cri
maintenant le corps se fige dans
le rouge - elle attend - les pigments mélangés au white spirit
sèchent vite
elle tente de construire quelque
chose - quelque chose doit apparaître - là - sous le silence des
traces noires - dans la matière opaque - le corps doit apparaître
quelque part - le corps doit trouver sa place - son apparition
une nuit opaque
un carré noir
vers le bas
un corps
une forme de
corps rouge
elle se déplace autour du grand carton – il n'y a pas d'histoire de récit à raconter – il n'y a pas de date de lieu précis – il y a plusieurs questions – à quoi ressemble la limite l'extrême limite d'une incarnation – comment on peint la force du feu – comment on peint l'incandescence d 'un corps
el sol arde el rostro arde la mano
arde el cuerpo arde la casa arde el arbol arde la silla arde la nuca
arde la cadera arde la sombra arde el ojo arde la lengua arde la voz
arde el grito arde la cama arde el vestido arde el vencido arde el
fuego arde su nombre de pila
le feu s'étend horizontal et
vertical dans toute la pièce - le feu couvre le corps le feu
vrille le cœur la peau les os le feu se déplace s'élève - le
feu courbe la maison
et autour tout est vivant l'eau
sous la terre l'insecte sur l'écorce le vent sur l'arbre l'ombre sur
le mur le soleil sur le fruit la peur sur l'enfant le sang sur la
pierre le pied nu sous la neige le cri – le cri sur l'immensité du
silence
tu casa no es el mundo - Roque -
ana nb
Pour ma troisième participation aux vases communicants, c'est un
immense honneur pour moi d'accueillir un texte de ana nb (@anaN2B sur
twitter). J'ai toujours lu à voix haute sa voix – une voix cinquante voix cinquante mille voix cinq cents mille voix du désordre si singulières si
éloignées de la mienne mais pourtant toujours étrangement familières avec le silence de mes nuits –
la musicalité de son écriture dont chaque bouffée semble toujours
sans commencement ni fin, incessant mouvement de vagues parlant leur propre langue au cœur d'une nuit opaque... et vide
Comment évoquer son travail sans l'abîmer d'un babillage inutile ?
Je vous invite donc à la découvrir de votre propre intimité en prenant le chemin de ses effacements ou de son jardinsauvage, deux expériences d'écriture souvent traversées par ses peintures et des photos. Vous pouvez aussi lire et relire Le plancher de sable sur nerval.fr
Pour ce vase, nous sommes tout d'abord parti d'une phrase d'Eschyle cité par Francis Bacon. Le travail a ensuite suivi son propre chemin suite à nos échos, échanges qui furent pour ma part très enrichissants, pleins de forces d'ouvertures, d'une écoute toujours attentive et généreuse.
Grand merci Ana.
(mon texte chez elle ici)
Comment évoquer son travail sans l'abîmer d'un babillage inutile ?
Je vous invite donc à la découvrir de votre propre intimité en prenant le chemin de ses effacements ou de son jardinsauvage, deux expériences d'écriture souvent traversées par ses peintures et des photos. Vous pouvez aussi lire et relire Le plancher de sable sur nerval.fr
Pour ce vase, nous sommes tout d'abord parti d'une phrase d'Eschyle cité par Francis Bacon. Le travail a ensuite suivi son propre chemin suite à nos échos, échanges qui furent pour ma part très enrichissants, pleins de forces d'ouvertures, d'une écoute toujours attentive et généreuse.
Grand merci Ana.
(mon texte chez elle ici)
La liste complète des participants aux échanges est établie par Brigitte Célérier. (grand merci!)
François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants: Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
mercredi 2 octobre 2013
#106
— Monsieur
M., sauriez vous faire parler un masque ?
— Tout
dépend le visage se cachant dessous...
— Imaginez
que personne ne le porte.
— Un
masque seul ? Un masque vide ?
— Oui,
un masque sans yeux ni voix pour l'incarner.
— Alors
je saurais le faire parler.
— Que
dirait-il ?
(silence)
— Ce que l'absence ne dit jamais.
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