#504
deux heures onze du bout
de l'ongle gratte l'instant
où tout pronom échappe
à la nuit
le travail commence
lèvres ouvertes sur un trou noir, sa bouche expire sa défaillance, accouche d'une parole, la mienne
la descente est rude, le réveil brutal
je m'accroche aux amygdales aux dents à la langue, tente de ralentir ma chute, rien à faire. Emporté par le flot de salive, son désir m'expulse... dieu sait où.
Il me croit mort. Parce-que je ne dis rien. Parce-que je ne cris pas. Il cherche à me faire pleurer. Sans succès. Sa bouche a accouché d'un silence. Silence aux yeux ouverts. Qui respire. Aveuglé par la lumière de l'écran. J'ai beau ne pas hurler, je suis là, bien en vie. Vieux de quelques secondes. Puis de quelques minutes...
j'ai la nausée. Chaque bouffée d'air est irrespirable. Pas de mot, pas encore. Juste un hurlement lamentable. Celui d'un rêve réveillé en sursaut, dans un corps étranger.
ma voix m'est inconnue. Je me palpe les joues, me frotte les yeux. Je découvre entre mes jambes un pénis et deux testicules. J'ai donc échoué dans le corps d'un homme. Je cherche un miroir dans la pièce où me rencontrer. À en croire mon visage, je dois avoir une vingtaine d'années...
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