#500
*
j'ai banni cinq mots de mon vocabulaire. Quand ils viennent à la bouche de l'écriture, ils ressurgissent, au coin d'une phrase, attendant sur le bout de ma langue, de n'être enfin plus contraint à l'exil. Quand ils montrent le bout de leurs premières lettres au détour d'une phrase, je les contourne... parce que taire ces cinq mots me fait écrire à leurs sujets, sans jamais les nommer.
*
le bpm est à combien là ? la voix pose sur un remix ragga de Marley, avec autorité, flow furieux, métrique, précis, puissant, imposant au silence de la fermer, il finit sa mesure en chantant "Exodus !" Le mot résonne à mes oreilles comme une raison d'exister. Hélas le morceau se termine. Reste les voix discrètes du staff, une porte qui grince, des bruits venus de dedans, de dehors, et soudain, quelqu'un rentre. Je ne sais qui c'est (un flic ? Non, il ne fait pas flic, plutôt petit bourgeois saigonais.) il va aux toilettes. je n'entends presque plus ce qui se passe, le monde va trop vite, il reste la mélodie d'un petit piano en fond, musique de la salle d'à côté, ou est-ce une main seule qui pianote d'ennui en moi ? Soudain la voix d'une jeune femme dit d'un ton agacé "trời ơi"... et son juron interrompt ma pensée.
*
soudain la sensation en écrivant de me filmer en train d'écrire, une caméra juste en face, l'oeil d'un absent derrière l'objectif pointé sur moi.
*
une heure à travailler avec ses mains, dans la phrase jusqu'au cou, submergé d'une matière comme une autre, pas plus, pas moins que la pierre l'eau la terre l'air le feu...
une heure pauvre qui me tend la main, habillée de rien, la poche en faux satin troué, pieds nus, le késa aux chevilles, une heure nue comme un vers jeté sur la feuille blanche, un éclair soudain, dans le ciel à l'intérieur, chaque seconde passée est une goutte de pluie qui tombe, rien de plus.
*
une heure à travailler avec ses mains, dans la phrase jusqu'au cou, submergé d'une matière comme une autre, pas plus, pas moins que la pierre l'eau la terre l'air le feu...
une heure pauvre qui me tend la main, habillée de rien, la poche en faux satin troué, pieds nus, le késa aux chevilles, une heure nue comme un vers jeté sur la feuille blanche, un éclair soudain, dans le ciel à l'intérieur, chaque seconde passée est une goutte de pluie qui tombe, rien de plus.
*
si je demande qu'on me vouvoie, c'est parce-que nous sommes plusieurs à l'intérieur de moi-même...
*
Je regarde à peine le clavier quand je tape mitraille tripote la langue a coups de doigts sur l'ipad, ils font trembler la table, le choc des doigts qui écrivent peut-il provoquer un tremblement de terre...
*
insomnie hier, dans le lit, je me tournais, me retournais sur moi-même, me débattant avec les draps, la peau, le corps où je suis si à l'étroit, angoisse du bras en manque de mains à tendre,
Commentaires