#363


Le chien que tu n'as pas attend que tu ouvres les yeux pour fermer les siens. Il tombe de fatigue, comme si son angoisse avait veillé toute la nuit à ton chevet.


Depuis des jours maintenant, un étrange voile de fumée recouvre la ville du soir au matin. Il paraît que ça vient des incendies des provinces indonésiennes de Sumatra et Kalimantan, où la culture de palmiers à huile se développe. Toi tu penses que ça vient de ta pensée. Les chemins singuliers à toi même inconnus qu'emprunte parfois l'écriture ont tous disparus dans le brouillard.

Pas une phrase. Pas un mot.  Depuis plus d'une semaine. Semaine qui pourrait bientôt se changer en mois. La parole de ton journal s'interrompt, marque un temps, instaure un silence dans la continuité des mots qui l'ont précédé, silence adressé directement au lecteur. Malgré ton mutisme, tu ne perds pas confiance en l'inconnu qui te fait l'amitié de te lire. Ton estime à son égard est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle tu écris ici aujourd'hui. 

Au fond écrire, tout comme la mort, est un acte de foi. Si tu ne croyais pas à la solitude fraternelle d'un autre susceptible d'exister quelque part, dans son coin de web, tu n'écrirais plus une ligne...

Le silence qui suivra ce billet sera donc un blanc dans la conversation, un blanc qui témoignera de l'incommunicabilité des choses qui te traversent. 

Tant que l'adresse du blog existe, ton silence est en ligne. Un blog qui se tait n'est pas un blog mort.
L'écriture, c'est aussi le silence après l'écriture.

Commentaires

Un blog peut s'absenter ou disparaître : sans doute le réchauffement climatique.

Iceberg, iceblog...

Tant qu'il reste un lecteur (ou une lectrice) : après, il faut choisir !