#507


Parfois les murs interpellent l’errance…


     — Nowhere 

Sentiment que la ville pose la question pour me narguer. Elle semble sous entendre “il est peut-être temps d’aller quelque part…”



On tombe parfois, au bout d’une dérive, au pas d’une porte ouverte et bienveillante, qui semble tendre sa poignée, comme pour dire « entrez donc étranger ! Ici, vous serez bien» 

ce n’est pas tant la peinture qui m’attire mais les volets bleus, les fenêtres basses, à hauteur de capot, et l’ombre fraîche que je devine à l’intérieur. Un lieu sans clim, ventilé par le courant d’air de la rue, à l’ombre du matin déjà chaud.

Une fois entré, j’ai su que je reviendrai souvent ici.
Je m'assois. Une dame découvre mon visage d’étranger et appelle aussitôt quelqu’un d’autre pour me servir. Une jeune femme, qui doit savoir parler anglais. Je peux deviner à son air qu’elle ignore si je suis d’ici ou pas. Ainsi je commande :
— Chào buoi sáng chị. Một cà phê den dá nhe. 
Elle sourit de m’entendre parler la langue. Elle m’apporte le café, noir sous les glaçons. 
— Pass wifi là gì ? 
— bundaumamtom. 

Puis elle retourne en cuisine préparer les tables avant l’arrivée des travailleurs qui dans une heure viendront déjeuner.

J’entends la cuillère d'un client qui mange. Je bois une gorgée de café dilué dans les glaçons. De nouveaux clients arrivent. Dont trois hommes du nord. Je le reconnais à l’accent. Le menu aussi est nordique. Je leur propose de les prendre en photo tous ensemble. Je cadre. Ils posent. Puis me remercient.

Je lève les yeux sur les fleurs qui débordent de la maison de l’autre côté du trottoir. Dans le bruit de quelques moteurs qui passent, la rue discute… et la dame coupe des piments sur la planche en bois. La serveuse pose un vinyle sur le vieux tourne disque. J’écoute la chanson.

Là, en cet instant précis, je suis apaisé.



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