#630


Retour au pays natal


images  et texte : Anh Mat

musique : Stewen Corvez


Une fois encore, ouvrir la fenêtre sur l’intérieur. Prenez place dit-il timidement. Y’a pas foule à l’embarquement, deux trois âmes errantes tombées ici par hasard, à bout d’insomnie… la plupart quitteront l’appareil en route. D’autres s’endormiront. Il n’y aurait personne que le film commencerait seul. Si M. s’obstine à publier des mots, des images, de la voix, c’est qu’il veut encore croire en une adresse fidèle, à l’écoute, adresse dont il doute toujours de l’existence  : écrire est un acte de foi. 


Il n’attend rien du retour, ni traces à retrouver, ni preuves à inventer. M. n’ira pas fouiller dans le puits d’une impossible biographie, non, il fera juste un film saisissant du présent en train de se trahir, un film suivant à son insu un personnage… et les fantômes de sa présence passée.


M. n’est pas pressé d’arriver. Il espère secrètement être retardé de quelques jours. Entre ici et là-bas, la tête à l’envers, sans jour ni nuit, engagé au couloir infini de l’errance, chaque pas est dépourvu d’angoisse. Le regard aveuglé par les néons des boutiques duty free, il joue à deviner l’origine des accents, des paroles furtivement saisies, et sans raison certaine, au plus fort du brouhahas des langues du monde mélangées, M. se sent enfin chez lui, apaisé.


Il passe les heures de transit ainsi, sans un mot, pas même pour dire bonjour ou merci, tout juste quelques hochements de tête. Serveurs et caissiers le croient probablement muet. Durant tout le trajet, M. ne lâche pas son livre de poésie, c’est là l’unique issue de secours où s’échapper, si besoin. Mais il ne l’ouvrira pas une seule fois, la présence du livre suffit, comme l’idée du suicide suffit, parfois, pour supporter l’existence qui continue de passer au poignet. Quelle heure est-il ? Saigon est déjà loin....


M. ouvre le hublot : ni ville, ni nuage, ni mer. Tout est noir, noir-yeux-fermés. Des tâches lumineuses aux couleurs innommables apparaissent, des phosphènes éclairent à présent le néant devenu espace. Sur l’écran du siège, la carte du monde parait minuscule. Plus il se rapproche du pays natal, plus il tombe dans l’abime qui le sépare de lui-même. M. ouvre son passeport pour vérifier qui voyage : il ne reconnait rien, ni la date, ni le lieu de naissance, ni le nom, même la photo lui est inconnue. L’identité vacille, les sens aussi… 


M. tente en vain de revenir chronologiquement sur des évènements précis vécus à Toulouse. Mais toute tentative de remémoration chute dans un trou noir. Se parlant à lui-même, il tente de lutter contre l’oubli, s’accroche au peu de bribes survivantes, et par association d’idées, il tente de recueillir des traces d’histoire, des grains de poussières de vie. M cherche en vain des mots à déterrer du sable de ses yeux. À court de tout signifiant, la chaine de la moindre parole est aussitôt coupée au premier maillon, interrompue par un blanc. De lui demeure un flux, mais sans mot, l’expression n’est plus que langage de silences constellés dans le noir. 


Derrière son masque de sommeil vissé sur les paupières, une odeur de café pénètre les narines, les voix des passagers se réveillent, hôtesses et stewards sont probablement dans l’allée en train de servir la dernière collation avant l’arrivée. M. reste immobile, tout geste est une épreuve, les membres sont lourds comme immergés dans l’eau. Une main le secoue par l’épaule. Mais comment bouger prisonnier de ce corps étranger, comment se faire entendre du scaphandrier dans lequel il hurle, hurle vers la surface, lui qui s’enfonce un peu plus dans l’obscurité…


 « Sir… Sir !  Can you hear me  ? Sir !… »


D’ici le ciel semble en guerre, lutte de corps gazeux, muscles de coton contractés, les nuages s'entretuent. Toulouse est encore invisible à cette altitude. M. amorce la descente sur son anonymat.


Une fois sorti de l’aéroport, M. ne réalise pas vraiment qu’il vient d’arriver dans un autre pays. Malgré la durée du voyage, il a l’impression de ne s’être déplacé que d’une rue à une autre, comme après un trajet en métro, pendant lequel il s’est peut-être assoupi. À croire que le monde semble plus petit à 40 ans, et que ce long voyage est finalement passé trop vite. « La prochaine fois je prendrai le bateau » pensait-il, « je prendrai le bateau comme l’homme dont je porte le nom. »


 Oui M. porte le nom d’un mort, un nom volé il y a longtemps, sur une embarcation de réfugiés. L’ancêtre sans papier vola l'identité d'un certain Lý, mort de dysenterie cholérique, jeté par-dessus bord durant la traversée. La signature de M. porte encore son cadavre aujourd’hui. Quand le mort dans sa tête continue de parler, M. écoute inquiet sa voix hallucinée, retranscrit ce qu'elle lui révèle. Il essaie de la restituer du mieux possible, sans la trahir. Il lui arrive même d’errer toute la nuit, d’un pronom l’autre, à la recherche du mort à qui il a malgré lui usurpé l’identité...


Ainsi, son pays natal semble à deux pas du lieu de son exil. Le monde est-il une seule et même ville où chaque quartier parle sa propre langue ? La langue, c’est ce qui lui a sauté aux oreilles avant tout. Le français, partout, dans les rues, dans les bouches postillonnantes, hors des livres, des poèmes, absent du silence.


Il y a 15 ans (déjà ?) M. avait justement pris de la distance avec sa langue maternelle pour mieux s’exiler de lui-même. Il aurait tout aussi pu se retrouver sur un autre continent, et baigner dans une autre langue que le vietnamien. 

On lui dit souvent, l’air ahuri : « Pourquoi tu as déménagé à Saigon ? Pour renouer avec tes racines ? » 

Au début M. répondait « oui » timidement, pour ne pas avoir à répondre autre chose. Et puis avec le temps, il ne répond même plus, sachant qu’il n’est en rien venu au Vietnam pour des raisons familiales ou ancestrales… mais uniquement matérielles. M. n’avait jamais voyagé aussi loin, deux destinations s’étaient offertes à lui. M.  choisit le billet le moins cher, voilà tout. La vie n’y était pas chère non plus, puis il y faisait chaud, il pouvait s’enfermer dans une chambre à 100 dollars le mois, sans rien faire de particulier, rien de contraignant, renouveler son visa à l’infini en payant un flic, avoir ce luxe d’être seul, sans devoir répondre à qui que ce soit, se séparer de toute communauté, familiale, amicale, nationale, se retirer là où toute parole est incompréhensible, là où être mis en demeure de communiquer peut être excuser par l’incapacité à parler la langue locale, il était donc désormais impossible d’imposer quoi que ce soit à sa pensée, à son corps. M. se sentait enfin libre et légitime de déraisonner, d’écrire, écrire à en détruire d’ennui l’usage du français, le découper en syllabes, dépecer ses rythmes, rendre ses sons silencieux, et faire de sa langue maternelle une étrangère à l’accent familier.


De retour à Toulouse, M. préfère marcher sans s’arrêter, car dès qu’il interrompt son mouvement, les voix de ceux restés à Saigon lui reviennent : « après tant d’années d’absence, ça va te faire bizarre ! Que d’émotions de revoir ta famille, et ta ville ! Mais comment as-tu pu rester ici aussi longtemps sans avoir besoin de revenir chez toi, en France ? C’est insensé ! »


« Chez toi… Chez toi… » M. se répétait ces mots comme pour persuader l’étranger qu’il était devenu. Avant de poser pied « chez lui », il aurait bien aimé retrouver un repère, une émotion à laquelle s’attacher, même une désagréable. Mais rien. Aux portes de sa ville natale, M. se sent comme un incroyant rentrant dans une église.


M. éprouve d’abord un certain plaisir à pouvoir marcher dans le calme, déambuler tranquillement sur les trottoirs, sans avoir à slalomer entre les motos garées, les chantiers, les marchants ambulants… 


Très vite, il réalise qu’il est absent de ses promenades, son corps marche sans rien explorer en lui, dénué de toute expérience intérieure, M. n’est d’ailleurs plus dans l’errance, il sait toujours où il va : course à faire, lieu à visiter, trajets où les yeux ne voient rien, la bouche ne goute rien, le nez ne sent rien… à force de se retirer en soi, on n’entend rien non plus. La caméra reste autour du cou, rien impulse le désir d’images, le trajet n’est plus vécu, il échappe à tout présent, à tout personnage. Ici, son réservoir de fiction est vide.


 — En France, je marche mort se dit M. tout bas.


Toulouse

ville natale palimpseste

recouvrant la mémoire 

à jamais perdue 

de l’exilé.


M ne reconnait pas les premiers pas rue Matabiau, M. ne reconnait pas les rires du jardin japonais. M. ne reconnait pas qui pleurait le départ de Paul du 3 de la rue des lois. M. ne reconnait pas son aveu rue Rémusat, à voix basse, sans pouvoir soulager le ventre du poids de son angoisse. M. ne reconnait plus qui, à Honoré Serres, sur une feuille blanche, sans ligne, a soudain honte de ne pas écrire droit. M. ne reconnait pas qui rue des Fliatiers, à Filasia, passe l’après-midi à dessiner à coté des bouteilles de sriracha. M. ne reconnait pas rue du Taur, les voix qui résonnent dans le cabinet. Combien de confidences, combien de rêves racontés volés ? Dans la salle d’attente, M. ne croise que regards fuyants, silences mal à l’aise. L’odeur y est étrange, ça sent la pierre et le vide, il fait frais, une grotte en brique en plein centre, un refuge où ça parle, ça résonne, ça ouvre une autre dimension : on peut donc s’entretenir avec soi-même ? En deux langues, en trois, comme autant de possibles pronoms, on peut donc parler ? De partout, du bord de la Garonne, dans la chapelle des Carmelites ?  M. ne reconnait pas Saïd en train de chuchoter jadis des dieux habitaient le ciel… M. ne reconnait plus l’heure de la prière, rue Saint Sauveur, les silhouettes de Zoher et de son père agenouillés. M. ne reconnait pas le Hameaux des Sorbiers, quartier bizarre où les noms finissent en -ar, madame Pissard, monsieur Michard, le fils Douillard et sa chienne Cora. Même au cimetière Latécoère, y’avait des messieurs Renard des madames Guyomard… et un certain Lý Kiệt au milieu d’eux, enterré dans son plus beau costume, droit comme un i, lui que l’enfant n’a connu qu’en peignoir orange, courbé sur sa canne, rongé par le cancer et l’amertume. 


M. ne reconnait plus qui, à Esquirol, invente le rôle d’une morte nommée Tessa. M. ne reconnait plus qui, au bord du canal du midi, prend peur qu’elle démasque sa première fois. M. ne reconnait plus ses mains menottées aux barreaux de la fenêtre d’Arnaud Bernard. M. ne reconnait pas qui, dans le noir, décide de ne plus parler. M. ne reconnait pas quelle ombre, rue Ritay, dit à demain et ne rappela plus jamais. M. ne reconnaît plus qui part, M. ne reconnait plus qui revient…


8 ans après, celui qui n’existe plus est de retour à Toulouse, dans le corps de M. Tout comme les rues, une famille l’attendait. M. est aussitôt parlé dans leur bouche, il se voit dans leurs yeux, s’écoute dans leurs oreilles. Des parents, probablement les siens, lui parlent directement, ceux-ci s’adressent bien à leur fils mais M. est incapable de l’incarner. Il n’a ni le savoir, ni les mots pour répondre. Toute parole à son égard semble se tromper d’adresse.  Leurs mots ne le concernent pas.  


La ville est déjà derrière toi. Sa banlieue aussi. Tu roules à l'instinct, dérives sur l'autoroute, traverses le gris de quelques patelins avant de t'enfoncer dans la campagne. Ne commences-tu pas à reconnaitre vaguement le trajet ? Les noms de communes, de lieux-dits ne te disent rien. Tes souvenirs sont ailleurs, dans le froid venu de la forêt, dans la peur que surgisse un cerf, dans l'odeur de fumier, de rosier enlacé par les ronces, dans le rouge des volets d'une maison à l'abandon. D'où vient ton étrange familiarité avec cette route inconnue ? Chacun de tes sens porte en lui la mémoire que tu as perdue.


Le Christ crucifié sur un poteau te souhaite la bienvenue. Tu reconnais le village d'une centaine de mètres. Quelques fermes, une église, un cimetière, des lampadaires, une cabine téléphonique au combiné arraché... rien d'autre. Pas un commerce. Pas un café. Aucune trace de vie. Village d'une seule route à l'oubli de tout, peut-être même à l'oubli du temps. Quelle heure est-il ? Quel jour sommes-nous ? Au bout du village, tu découvres un portail bleu, il est ouvert... Tu es attendu. Descends de la voiture. Ça sent la mort des arbres, oui, ça sent le papier. 


Tu jurerais qu'il y avait un frêne centenaire devant la pergola. Son absence t'obsède. Ce lieu ne t'est pas étranger. Ne reconnais-tu pas le bruit de tes chaussures sur les galets, l'odeur du bois sec dans les charrettes ? Tu pénètres dans la grange le poing serré. Dans quelle boue cette paire de bottes s'est-elle enfoncée pour puer de la sorte ? Celui qui les a portées a sûrement déterré une histoire morte, fermentée, engrais du récit qui pousse en toi à peine passé le pas de la porte.


Les volets sont clos, la pièce est seule depuis longtemps, à l'oubli des heures et des hommes. La peur du noir remonte aussitôt dans ton ventre, fraîche, aussi indomptable qu'autrefois. Tu longes les murs de pierres, tu t’éclaires à l'écran du téléphone tel un homme dans une grotte, torche à la main. 


Est-ce une silhouette qui marche... ou seulement une ombre qui ne suit plus personne... ou l'homme de toute ombre disparue dans le noir, quand la mèche s'éteint ?


Des ouvrages vierges de toutes lignes. Les couvertures désertées, sans titre, sans nom d'auteur. Pile de livres tous étrangement vides, usés, probablement morts d'avoir été lus et relus.


Les masques sur les murs qui te suivent du regard semblent te reprocher une chose, l'origine de ce récit peut-être... Tu reçois leur anathème. De quelle hérésie te condamnent-ils ? Tu as toujours cru n'avoir jamais cru en Dieu. Aujourd'hui, tu ne peux ignorer sa présence, son jugement. Le Christ à l'entrée du village te revient à l'esprit. Cherchait-il à te prévenir ? Un prie-Dieu t'appelle à t'agenouiller, à te soumettre et confesser un péché dont tu ne te souviens pas. Comment te décharger de son poids, ignorant tout de la faute, du crime commis ?


Le portrait du jeune homme, son air neutre pourrait prendre les traits de n'importe qui, même les tiens. Étrange de reconnaitre un visage inconnu. Serait-ce ton autoportrait ? Ou le portrait de la voix qui écrit en ce moment même ? 


Vulnérable, à la merci de la moindre porte à ouvrir, tu entres tremblant dans la chambre à coucher. Tu découvres un autre tableau, de couleurs vives, deux personnages souriants dansant côte à côte. Sur le mur qui lui fait face, le gribouillage aux feutres secs d'une guerre sans merci contre l'ennui. Quelques jouets échoués dans un monde adulte, invisibles frères des solitudes sans fratrie, amis imaginaires, silence d'enfant jouant sagement dans sa chambre est aussi violent que le tien devant la page à écrire. Le bois craque. Ça vient du grenier. 


Les tuiles tremblent sous le toit. Le vent se lève, son bruissement tel des chuchotements à ton égard. En baissant la tête pour ne pas te cogner, tu as le vague souvenir d'avoir un jour été bien plus petit que la grande faux posée là, à côté de deux autres dessins. L'enfant mort qui t'habite et qui regarde ce que tu ne sais plus faire… Alors tu avances à l'aveugle, sans lumière. Les livres continuent de défiler. La batterie de ton portable se meurt. Des odeurs te reviennent, le papier encore, et puis des odeurs de corps, de sueur, de chair… Qui est-ce ? Un garçon de sept ans assis à son pupitre. Il pleure. Qui est-ce ? Ce n'est pas un caprice. Ses larmes ne réclament personne. Elle sont seules. Sans secours. 


Traces d’histoire, histoire de traces.. Il doit avoir 7 ans. Début de l’année 1990. Le père lui annonce qu’il doit écrire un texte, un texte qui sera probablement publié en fin d’année. Il ignore ce que « publier » signifie. Le père lui explique que son texte sera accueilli dans une revue, sur du papier, comme les livres de leur bibliothèque. Il y sera auteur parmi d’autres. Le texte sera dactylographié et imprimé. 

« — Dactylographié ? » 

Il se saisit de son recueil de Jacques Prévert et regarde avec admiration le nom, les vers imprimés sur les pages. Ce qui attire son attention pour la première fois, c’est que le livre n’est pas manuscrit. Il en prend un deuxième, un troisième, un quatrième de la bibliothèque : tous sont en caractères « dactylographiés » (mot que je viens de comprendre). Ainsi, il se dit que seuls les écrivains et poètes dignes de ce nom ont cet honneur. Il va donc devenir écrivain. 


Dans l’excitation, il désire immédiatement commencer. Doit-il écrire à la machine ? Le père répond que ce n’est pas nécéssaire. Il peut écrire à la main et l’équipe de la revue se chargera de dactylographier son texte. « — L’important, c’est ce que tu vas écrire… » 


Le titre lui est venu tout de suite, sans réfléchir, avant même d’avoir une idée en tête. Pas besoin de penser. Juste être seul, avec sa solitude, sur le pupitre, et une histoire — inconnue de lui, connue des mots — apparait. D’un jet. Il ne savait pas quoi écrire avant de commencer. Et pourtant, il suffit de poser les premiers mots pour que l’écriture elle-même ait une histoire à raconter. C’est pareil pour Prévert ? 


Il a pris une feuille blanche, sans ligne ni carreau. Il essaie d’y écrire droit, au stylo noir. Mais l’écriture bouge dans tous les sens. Sa main se crispe, ses lèvres aussi. Il bave… La seconde ligne chevauche déjà la première ! Il a peur des boucles aux majuscules, de faire baver l’encre… En se relisant, il se dit que ça ne va pas : les gens distingueront-ils ses tremblements de cancre gaucher ? Mais il essaie de se rassurer, après tout, Jacques Prévert a peut-être lui aussi des difficultés à écrire à la main. 


Finalement, une seule hésitation sur un pronom. Je ? Non. Il. Vilaine rature. Tant pis, quand ils publieront l’histoire, elle sera dactylographiée. Ça ne se verra pas. Ce n’est qu’un brouillon…


Décembre 1990. Dans le salon, face à la bibliothèque, le père ouvre une grande enveloppe marron qui contient le livre. 

« — C’est celui où je suis auteur ? C’est bien celui-là ? » 

Un seul texte l’intéresse, le sien. Il tourne les pages cherchant son nom parmi tous les textes dactylographiés. Soudain, à la page 77, il découvre avec stupeur que son texte est le seul du recueil imprimé manuscrit. Tout y est, son écriture ridicule, sa rature… Pourquoi n’ont-ils pas dactylographié ce texte comme tous les autres ? L’ histoire d’émile n’est-elle pas digne de sérieux, de respect ? Submergé par la tristesse, il part se cacher pour pleurer. Il se sent trahi, humilié. 


« — Plus jamais je n’écrirai. »







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