#269
Le taxi un instant veut savoir... d'où vient il pour parler ma langue avec un accent d'une région de nulle part ? La ville, le fleuve, ce delta à l'instant ne le reconnaissent plus.
Le pas pourtant indigène vient dans la ville comme si c'était une première fois. De toutes façons, comme à son habitude, partout chaque fois pour lui est une première fois, une nouvelle fois, tant le mal à l'aise tranquille errant avec lui-même est permanent.
Aurait-il vieilli, retrouvant avec l'autre quelques restes de postures et convenances d'allures ? Tout de ce qu'il est s'est éloigné de ce qu'il fut. Les mots et les sons sont au bord des racines et des choses. Le jour immobile reste suspendu à une moiteur antique sèche et humide de sueurs.
Ça lui est complètement égal. Complètement dit-il.
La modernité en marche gronde d'une marée de motos mobylettes, de vagues de casques d'hommes d'enfants, de klaxons et cris. La ville explose d'un volcan faisant surgir un désordre d'immeubles et autres gratte ciel.
Ça lui est complètement égal. Complètement.
Rêver dans mille et un mot, mourir dans mille et une nuits.
On ne parle pas les mots. On les crie. On les hurle. On les rêve dans une fatalité joyeuse, absurde. Les trottoirs sont restés des rivages encombrés de marchands de toutes saisons sous les tamariniers en parasol, les places des plages désertes brûlantes et torrides sans la mer. La ville égale à elle-même n'a pas bougé sur ce delta des moussons. Son eau ne vient que du fleuve ou des nuages: inondations, déluges, tornades et pluies. Alors des marécages remonte l'odeur de vase saumurée, de petites crevettes et poissons pourris.
La modernité sans répit, décidée, imperturbable, avance en karaoké de toutes les langues du monde. Le métro demain sera du soleil levant complètement japonais. Complètement.
Ça lui est complètement égal... dit-il.
L'homme du Mê Kong
Commentaires
dont le regard ne dévie pas
au milieu de la modernité en explosion
rassure et inquiète ... et rassure.