#476



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je cherche dans les mots le différend duquel l'écriture a un jour commencé. J'écris avec un poids sur le ventre. 

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dans un café que je ne connais pas. À ma gauche les guidons d'une centaine de motos garées. Devant moi un tee shirt blanc moulant laisse apparaître une colonne verterbrale, celle d'une jeune femme très maigre. À Droite va et viens des voix, des pas de serveurs au bar. Une heure ici ouverte sur rien. Ça coûte 55 000 dôngs de m'asseoir là, devant ce smoothie trop sucré. Il est 17 h. Ça rentre du boulot. L'heure de pointe est pour bientôt. Une vingtaine de minutes encore et tous les véhicules seront bloqués sur la chaussée. J'ai un léger mal de ventre. C'est dû au lait ou au sirop violet ? je n'ai rien à écrire. L'herbe épuisée, plus rien ne vient. J'ai besoin d'une légère paranoïa pour écrire. Le mal de ventre se confirme. Je devrais cesser de boire le smoothie. Si je le laisse à peine entamé sur la table, le staff supposera que je n'ai pas aimé. Si je continue à le boire, je risque d'être malade. Je m'autorise à écrire le moindre déchet. Parce-que que l'écriture a faim, elle réclame à manger. Mais ma tête est vide de pensée, d'amorces de phrases, de vers. il n'y a plus que ce qui passe dans mes yeux, mes oreilles, mon nez. Je suis la présence d'une absence en plein coeur de la ville. Une étrangère fait son entrée dans le café. D'où est-elle ? Elle doit avoir vingt ans quelque-chose. Elle à l'âge que je fais. Pas l'âge que j'ai. Elle monte à l'étage. Rien de plus. Les moteurs se démultiplient. 17 heures 13. Je lève la tête et regarde une façade de maison peinte en verte. C'est affreux. Et je trouve ça presque beau.


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ce n'est pas le style d'une danse l'important, mais la danse elle-même, ce sont les danseurs qui font la différence, ceux qui même sous les ordres d'une écriture totalitaire, impose une identité, une singularité, une façon de bouger, de respirer comme aucun autre sur cette terre. Mêmes les chats ont chacun leur façon de se déplacer. j'écris les hommes comme on regarde errer les chats.

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je souffre d'une tumeur imaginaire. La douleur est peut-être plus réelle qu'elle en a l'air. Préfère ne pas consulter. Rester dans l'ignorance à son sujet.

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j'écris sur un fil, entre fiction et réalité. J'écris ainsi par honnêteté intellectuelle. Dois-je me laisser tomber d'un côté ou de l'autre ? Ou rester en équilibre sur ce fil pour avancer dans la langue ? 

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    aujourd'hui la ville m'appelle par mon nom...


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