#42
... Monsieur M. écoutez ! n'ayez pas la paresse de tendre l'oreille!
relisez-vous et écoutez! écoutez bon sang!
...
que dire, au fond, on ne se connaît pas, comment le nier, vos mots
sont là ceux d'un homme que je n'ai jamais rencontré... sachez que
vous n'êtes même plus un souvenir, même plus un visage, j'ai même
oublié votre voix, comprenez ma stupeur., vous n'imaginez pas à
quel point vous m'êtes devenu étranger...
... ce type là, celui qu'on prétend être, au fond qui
est-il? un caméléon répondant à tous les titres? celui de mari
aujourd'hui? celui de fils hier? celui de mort demain? avec le temps
les rôles se font de plus en plus difficile à interpréter, en
particulier devant les gens qui disent nous aimer... et puis arrive
un âge où l'on est tout d'un coup fatigué d'être autant parlé
par les autres... et puis ça ne marche plus, le masque a beau être
le même, le visage ne rentre même plus dedans, vous en savez
quelque-chose, n'est-ce pas ?
Votre voix, c'est à
croire que je l'entends pour la première fois... elle semble ne même
plus porter votre signature, votre nom... ici, disons les choses
comme elles sont, le nom de chacun s'efface, disparaît dans
l'anonymat, notre rencontre n'est plus que quelques lettres, deux
initiales, deux dates sur une pierre discrète, sobre, sans
épitaphe...
J'écris : 1997
- 2001
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