#516



quelques pas sur le bitume. Grisaille fraîche. La pluie ne pleut pas encore. On sent juste son odeur. Trois bières allemandes dans le bide, une tête de Blueberry dans le poumons. L’aphte pèse sous la lèvre supérieure. Les cacahuètes mâchées s’incrustent entre les dents. Tu bois. Tu bois à mesure que les poches se vident des billets bleus, verts, jaunes, roses. Ça coûte combien ? Cher comme toujours. La blonde attire l’écriture. La mousse au bord du verre est l'écume coincée dans la plissure de tes lèvres, quand tu ne cesses de parler pour ne rien dire, noyé dans la mer des paroles. Tu écris en parlant à voix basse. Toujours. Tu reprends une gorgée. Les serveurs tous vêtus de noir vont et viennent, chacun dans leur sens, fourmilière organisée, chaque fourmi prisonnière du trajet de sa fonction. Il y a en une à lunettes qui nettoie les verres à vin. Une autre qui remplit des pintes. En face, sur une des douzaines de télé accrochés au mur : 78 Utah Jazz. 78 golden state Warroir. Les trois points s’enchaînent. Face à toi une plante verte qui semble te regarder droit dans les yeux. Elle te renvoie à ta présence en ces lieux.79-78. Un lancer franc sur deux. Attaque ultra rapide. 80-79. Tir manqué. Rebond. Passe. Feinte de corps. Ralenti. Il pénètre dans la raquette. Lay up. And 1. Il tape la main de ses coéquipiers. Se prépare au lancer franc. Une gorgée de bière. Les bouteilles de vodka sur le bar illuminé te dévisagent. La serveuse passe. Nettoie le comptoir d’un torchon à la propreté douteuse. Puis elle s'en va. Te laissant là face à ton vide. Face à ton vide. Dans le tunnel des phrases. Tu parcours l’espace blanc. Et reconnais sur la feuille blanche l’empreinte de ton pas dans la langue. Tu as faim quand le vent se lève. La lumière tremble. Tu pars.



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