#402


Son nom est dans la bouche de ceux qui l'ignorent encore. Sa silhouette ? Celle d'un point d'interrogation qui passe dans les yeux d'un passant puis disparait dans la foule, sans réponse. La ville, qui jusque-là n'a cessé de l'épier du corps à la pensée, apprend à l'ignorer avec le temps (ou est-ce lui qui ne prête plus attention à elle). C'est ce qu'il souhaite, tomber dans l'oubli, au fond du blanc laissé dans les discussions à son sujet... 

Il ne parle jamais vraiment. Il ne parle vraiment que lorsqu'il jette sa voix dans le vide, sans raison d'être là, à la merci du désir têtu de prendre encore la parole, même seul à sa fenêtre. Dans ces instants là, son identité va et vient, passagère comme un nuage à l'horizon, avec lequel, parfois, pour ne pas étouffer de silence, il entame une conversation.


Et la ville, toujours si indiscrète à son égard, ne peut se retenir d'écouter. Elle s'obstine, cherche à deviner, au ton et au son de sa voix, ce que l'étrange étranger adresse au nuage. Mais ce sont là des intonations dont elle ne peut déceler aucun sentiment, elle ne saurait dire de quelle nature sont les paroles de cet homme, tant la neutralité de sa voix semble inhumaine.


Commentaires