#137
mots survivants
de la vie
encore un moment
tenez-lui compagnie
Beckett 1978
Poèmes suivis de mirlitonnades
ami poète mouette amie
à vous je le dis
j´ai eu dans la vie
cette chance de hasard
j´ai vu deux océans
avoir une même plage
et sur galets et coquillages
je m´y suis allongé
j´ai vu deux océans
traversés d´un radeau
et sur un même sillage
je m´y suis perdu
j´ai vu deux océans
s´embraser d´eux-mêmes
et sur une augure de fumées
je m´y suis rendu
j´ai connu deux océans
qui se mélangent
et dans une même vague
je m´y suis baigné
de ces certitudes
désormais je guette
l´horizon trempé
attendant leur retour
J´ai donc eu cette histoire, l´histoire de deux océans embrassant une méduse aux yeux rieurs de claires perles bleues qui profitant d´une éclipse de soleil s´est envolée vers la lune de là-bas des confins de galaxies. Et sa chair défaite de rides des heures survécues avait oublié le besoin de regards et de caresses, et la tendresse en reste avec sa gêne toujours déplacée a pris le pas sur l´émoi du serment étouffé des désirs.
A cet instant jeté souvenez-vous en des mots de celui ayant de ses jours trop eu, il lui est juste d´être ruiné de cette fortune en trop d'un trop de merveilles,
là où le souvenir effacé résonne dans son extraordinaire seulement maintenant,
là où les prières s´arrêtent inaudibles, là où tout n´est plus que ce récit d´une fiction.
Et la vie particulière du présent vient rendre transparent le souhait de ne point effrayer sa lueur devenue anonyme.
Et l´amitié fatiguée de son arrière-pays de partages de promesses, dépouille du néant... au silence s´allie.
Quelque part du désert dernier des temps d´une existence qui, en fait étrangère et toujours niée depuis son début, n´a jamais pu vraiment... au-delà.
Et la chose ainsi par-là océan, je suis le monde et sa fuite voulue.
Que ces faims de marées et de ports à terre et à quai d´aujourd'hui amères
soient un jour un demain un départ un trou d´océans.
L'apatride
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