#654
14 novembre Ici, au feu rouge, un compte à rebours s'obstine. Face aux secondes qui s'égrènent, je sens le temps—je le sens physiquement. Il me passe dessus. Assis sur la selle, mon immobilité s'effrite sous chaque chiffre qui disparaît. Autour de moi : le ciel, les immeubles, les corps alignés dans la même attente. Figés. Je ne souffre pas. Je constate l'usure. * J'écrivais la semaine dernière que l'écriture recueillait l'insignifiant, stockait le déchet. Or, je constate que mon journal ne retient plus seulement les miettes de la ville, de mes lectures, de mes discussions, de mes rêves, mais aussi celles du flux numérique : les notifications, les images, les commentaires... C’est cette matière-là que j’accumule désormais. L’effet est un appauvrissement insidieux : cette matière numérique se pose directement sur les bribes de mon vécu. Pour accéder à ma propre substance et retrouver ce qui m’appartient, je dois d’abord déblayer cette épaisse couche résidu...