#129



Ce n'est ni la colère, ni la tristesse,
C'est une sorte de vengeance sans objet qui ce matin s'est abattue sur moi.
La pensée cherchant ses munitions pour que la prochaine réplique soit mortelle.
Les dents serrées comme un poing plein du désir de porter son coup.
J'ai soif de guerre.

Il y a quelques jours, nous n'étions pas certains, il y avait bien eu les prémices de quelques attaques mais elles étaient restées à visage couvert, dans le poison d'une insulte chuchotée en silence, relent de haine retenue comme un souffle sauvage, celui de la solitude face à la parole de l'autre... face à notre propre parole aussi...

Et puis ce matin, alors que la pluie avait cessé que le soleil commençait à nous brûler,
la guerre fut enfin déclarée.
Comme si le beau temps revenu offrait là les conditions idéales pour s'entretuer.

Il est temps de se battre. Chacun dans sa tranchée.
Là où les larmes ne sont que nerfs, morve d'une peur ravalée.
Mais notre corps lui ne pleure pas, ne transpire pas, ne bouge pas.
Il ne laisse absolument rien entrevoir du venin remuant notre sang.
Seul le visage nous trahit, laisse présager la rage qui nous pend au nez.

Après coup, la haine connait ses doutes, ses contradictions se demandant si ce conflit est justifiable, nécessaire. Mais qu'importe, il est bien trop tard pour à présent reculer.
Toute excuse sonnerait faux. Et puis qui pour s'excuser le premier ? Qui donc? La camp de madame T., ou le mien? Dites-moi monsieur M., vous qui n'avez réponse à rien, qui maniait le silence à vos fins... Allez-y ! Répondez !

...

C'est bien ce que je pensais...
Quant il s'agit d'écrire, vous êtes toujours le premier arrivé...
Mais je sais aujourd'hui que si les nuits échouées étaient un journal, vous n'y seriez même pas mentionné.
Vous ne m'êtes d'aucun secours pour ma vie. Vous ne servez qu'à écrire... Rien d'autre.

" Écrire toute sa vie, ça apprend à écrire. Ça ne sauve de rien."
Duras



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