#87
Je
n’ai pas décidé de me taire... C'est le silence qui me tait.
Je n’irai pas
jusque à dire que mon mutisme m’ait entraîné dans un espace où
supporter monsieur M. est plus aisé, puisque à la place, je me
suis accroché avec la même ferveur à ce silence qui me garde,
plus que je ne le garde, devant lui qui désormais attend calmement que j’ouvre la bouche.
C’est à cet
instant là que j'ai décidé de partir. Si j’étais resté je me
serais senti obligé de briser mon silence étant donné que monsieur
M. est bien capable de rester silencieux des jours entiers, parfois
même des mois.
Où suis-je parti,
je ne m’en souviens plus très bien. J’ai eu du mal à trouver.
Je cherchais un lieu dont il ignorait tout. Ça ressemblait à n’
importe où mais sans lui. Autre part donc. Tout paraissait plus
grand, plus vide aussi.
J'ai donc supposé
qu’il y avait là, quelque part, le long des murs qui m'encerclaient, des
mots en attente, des paroles suspendues, retenues, oubliées, perdues… des paroles susceptibles de signifier.
J’ai commencé
à avancer avec l’espoir de tomber sur ces mots. Mais j’ai l'étrange sentiment que plus je marche vers eux, plus je m’en éloigne.
J'écris: monsieur M. est un mirage.
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