#103
je suis la bave d'une bête dans
la tête d'un homme sans voix
la nuit me bat
l'incessant combat contre l'ombre
des heures
m'épuise
je m'apprête à perdre ma propre guerre
vaincu
soumis à faire le beau
je tombe à genoux
ma dignité remuant la
queue
au soir je rends les armes
dents serrées comme un poing
déchirant ma mâchoire
ongles rongées d'angoisse
jusqu'au sang
le regard vide fixant ma défaite
à travers les barreaux de ma
cage
aucune rage ne m'arrachera à ces crachats
ces doigts hilares pointant la
risée que je suis devenue
détenu bon à
renifler le cul d'un chien
tel un trou dans la terre
où
froidement quémander
d'un couinement humiliant
le répit et la pitié
dont chaque seconde est dénuée
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