#84
Refaire le portrait
de monsieur M., d'un jet de quelques heures, de quelques gestes
trempées dans la nuit. À coups de couteau, de traces de
doigts, apeuré d'ennui, de douleur, je cherche son visage jusqu'à
la nausée tentant de deviner le mouvement de chacun de ses traits en
quête d'une intimité ignorée. Mais j'ai beau retoucher, effacer,
incessamment recommencer, le regard de monsieur M. reste muet, sa
bouche fermée ne me dit rien, pas plus que ses joues creusées
d'absence de mots. Ainsi, au bout de mon insomnie épuisée, je perds
espoir de reconnaître un frère de sang noir sur ce bout de papier.
J'écris :
ma rage de taire et de tracer
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