#79
Comment
faire le deuil de ce qui n’en finit pas de mourir ?
Monsieur M. ramasse les débris, dans le silence après le ravage, errant au petit matin dans les restes de la nuit. Il attend avec appréhension ton prochain regard, ton prochain geste, ta prochaine absence de mot, encore une fois, tu t'es entêtée de raison, refusant d'avouer ta part maudite dans ce désastre.
Rends-toi
à l'évidence, votre guerre est toujours sur le point d'éclater, en
hurlements, en coups de poings, de pieds, de verre brisé de rage
sur le carrelage de votre porcherie.
Le
venin de vos orgueils respectifs est déjà bien trop dilué dans
votre sang pour espérer une possible conciliation. Alors à quoi bon
chercher du secours dans les mots qui vous manquent?
Autant
claquer la porte, s'éloigner silencieusement pour ne pas aller trop
loin, quelques heures, afin de retenir ces gestes et ces paroles
toujours de trop, bref, laisser passer en attendant une accalmie, courte trêve à votre entretien infini qui finira bien par vous entretuer.
Ce
soir, ne t'inquiète donc pas, monsieur M. rentrera bien chez vous
parce qu'il faut bien dormir quelque part, il sera en retard, pour le
plaisir de te faire impatienter et ainsi, jouer un tour à ton
attente tourmentée. Sache
que ce qu'il imagine de toi lui suffit pour préférer fermer les
yeux quand sa main est dans la tienne, quand vos corps font mine
de se rencontrer à nouveau, pour le meilleur et pour le pire de la nuit.
j'écris :
la présence de madame T.
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