#341

Vers le fantastique  atelier proposé par François Bon

#4 compter jusqu'à 5 (rêves)


1, vol au dessus de trois hommes barbus, trois dieux qui seraient à l'origine du monde, tous trois armés d'une Kalashnikov ; surtout ne pas me faire surprendre, me faire le plus discret possible, mais je vole si mal, mes gestes sont encore trop brusques ; l'un d'eux finit par me remarquer : il me fusille du regard, 2, au fond d'un trou, sur une plage déserte, le père berce dans ses bras sa mère morte, je prends la pelle pour les ensevelir; malgré le sable qui leur tombe dessus, ils restent là, immobiles comme des statues; 3, un papillon de nuit se jette sur un lit de braises, un homme d'une cinquantaine d'années le regarde s'enflammer avec gravité et me dit en coréen : — c'est un suicide; 4, en quelques secondes, le fleur s'affaisse, s'assèche, meurt sous mes yeux; à cet instant même, j'entends un cri venu du premier étage, c'est la soeur, elle hurle : — maman est morte ! maman est morte ! 5, dans un parking souterrain, sol jonché de vomi et de foutre; derrière une voiture blanche, des cadavres, tous les uns sur les autres, figés dans la position de leur dernier ébat, morts d'orgie; 6, une clé sur un passage piéton ;  dans la hâte de ma marche, je n'y prête pas attention; quelques mètres plus loin, la vision de la clé me hante, sa couleur dorée m'est familière, je ne peux m'empêcher de revenir sur mes pas, quelle porte connue ouvre-t-elle ? 7, autour du cou un appareil photo, avec quatre autres personnes autour d'une table ronde, nous nous tenons la main et nous endormons. Plongés dans le même rêve, nous arpentons des montagnes en guerre, en flammes, le ciel est une lave fluorescente; le temps nous est compté : plus nous nous approchons de notre réveil, plus l'espace se réduit, comme si un écoulement de sable rebouchait le trou dans lequel nous sommes; avant que tout disparaisse, je prends la photo d'un enfant noir qui me tire dessus; nous nous réveillons abasourdis d'avoir rêvé la même chose; je dis : — j'ai ramené une photo du rêve ! le père psychanalyste, subjugué d'une telle révélation, veut voir la photo, veut la preuve de ce que j'avance.


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