#523


tu as beau chercher à disparaître, il reste toujours une trace d'ombre derrière ton passage. Tu lèves la tête, crains que la pluie tombe sur le trajet du retour. Rue sombre. Ciel lumineux. Les troncs encore humides de l'averse précédente. Sur le pavé les pas se pressent, lunettes de soleil dans les cheveux. Certains sur leur selle sont déjà en Aó Mưa. Ils viennent probablement d'un quartier où il pleut. Ici c’est encore sec. Mais tu n’éviteras pas la tempête sur le chemin du retour. Tu t’imagines déjà trempé, les mains crispées sur le guidon, avec au ventre la peur de glisser. 


Le serveur au polo vert s’est absenté deux jours. Aujourd’hui tu es servi par la nouvelle devenue elle aussi une habitude, une discussion de 5 minutes. Puis chacun retourne dans son silence. Elle derrière le bar. Toi face à la page. Tu attends. Comme l’homme assis sous sous son arbre. Celui que tu croises tous les jours sans connaître son visage. Juste une posture familière parmi d’autres inconnues dans la fourmilière.


tu relèves à nouveau la tête pour mieux le regarder. Il a déjà disparu. C'est l'heure. La matinée se meurt. Tu pars avec dans la bouche une haleine de thé. Noir. Teintées d’Oolong également. Nom : Saigon Breakfast. Prix : 50 000 dôngs. Tu pars entre deux averses.


la ville ferme son parapluie.


elle relit sa légende


tourne les pages de son livre infini


la pluie tombe à nouveau. Tu te réfugies là, dans le tunnel des phrases, où tant de personnages attendent d'être écrits.


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