#18
Vous entrez.Vous ne
dites rien.Vous n'osez pas vous expliquer sur les raisons de votre
départ soudain la nuit dernière. Elle n'attend pas d'excuse, elle
ne vous reproche rien. Elle semble vous attendre
là, sur cette chaise vide, muette, ne laissant rien transparaître, pas
même un regard dans lequel deviner ce qu'elle est bien venue vous
demander...
Soudain, vous tentez
vainement de répondre :
«— vous attendez que je vous parle de la nuit dernière, n'est-ce pas? Ne croyez pas que je
suis revenu aujourd’hui pour m’expliquer. Ce n'est pas comme si j’avais quitté mon
bureau par paresse sans même avoir pris la peine d’essayer....
vous étiez là, vous êtes témoin, vous seul savez que je ne mens
pas! Je suis resté devant ma feuille blanche de longues heures, de
longues heures de silences et d’ennuis difficiles...»
vous reprenez votre souffle... et puis vous ajoutez:
«— Alors quand
le jour s'est levé, que le bruit des rues a recouvert le silence de
la nuit, j’ai eu le sentiment qu’il était temps d’aller dormir
un peu, et ce malgré le travail inaccompli...
Je
ne suis même plus surpris vous savez, ne
rien commencer est devenu une habitude... ça va bientôt faire un
an... un an de tentatives nulles... un an d'insomnies blanches et
sèches... un an, devant la même feuille, à chercher les raisons de me faire subir de telles nuits... »
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