#240


La nuit est encore la nuit pour quelques minutes seulement. Les lampadaires s'éteignent les uns après les autres. Les coqs de combat ne cessent de hurler. Il est bientôt temps de se battre. Je regarde l'aube une dernière fois. L'écran est noir. L'insomnie meurt à la lumière du jour.



J'arrive au bout de ton épreuve avec un sentiment d'inachevé. Il reste bien quelques phrases à retourner, d'autres à raturer. Mais au fond de moi je sais que notre conversation est déjà terminée. Je suis arrivé à un point où plus rien de toi ne m'appartient. Ta raison d'être a disparu. Je regarde ta voix s'éloigner. Il suffit que je relise tes premières pages pour comprendre que n'avons plus rien à faire ensemble. Qu'ai-je été pour toi ? Des mains qui tapent sur des lettres. Rien d'autre. 



Tu n'es pas mon livre mais celui des lecteurs que tu attends. C'est eux qui t'achèveront. Nos chemins se sépareront le jour de ta publication. 



Commentaires

annajouy a dit…
le baptême du livre : le bateau ivre quitte le quai.

(bravo)
Zéo Zigzags a dit…
et puis il faudra, armé de sa foule intérieure, laisser émerger une autre [dé]raison, qu'un nouveau encore soit.