#659
27 décembre Aucun lieu à moi. Rien de stable. Pas même l’illusion d’un refuge. Pas de chambre, pas de bureau, pas de table où déposer ce qui m’encombre, où bazarder mon petit chaos. Y’a toujours l’autre à côté, toujours la promiscuité, toujours cette nécessité de sortir, de m’absenter. Écrire comme on se retire. Mon écriture est nomade non par goût mais par défaut : elle ne tient nulle part, comme moi. Je passe. Je me déplace. Écriture du voyage comme on dit gens du voyage. C’est ça. Chaque lieu devient provisoirement habitable avant de redevenir indifférent. Et ces lieux sont toujours rien, des coins sans statut, des marges qui n’ont jamais prétendu accueillir quoi que ce soit. Je me souviens d’un collègue qui cherchait toujours le café parfait. Il disait en avoir besoin pour se concentrer. Sur quoi, je l’ignore. Il lui fallait la musique juste, le fauteuil confortable, l’air réglé, les toilettes propres, le Wi-Fi stable. Des lieux où le café est cher, venu de loin, sacrali...