#658
12 décembre J’ai mal aux doigts. Aux phalanges surtout. Comme si elles étaient constamment engourdies, ou pire, foulées… peut-on se fouler les phalanges ? Elles sont déjà tordues. Je tape à peine. Certains doigts me font si mal que chaque phrase doit être interrompue avant d’avoir trouvé sa fin. Il ne reste que la voix. La reconnaissance vocale. Sur place. Une salve, puis le silence. Puis la relecture à voix haute, qui appelle presque toujours la réécriture. J’écris désormais par à-coups : jet de voix, retrait, reprise. Parfois, c’est impossible. Le bruit de la ville recouvre la voix. À l’arrière de la moto, dans le mouvement même de la ville, tant de choses viennent frapper à la porte, réclament d’être formulées, mais le temps manque. Rien ne se fixe. C’est pour cela que je filme les trajets, toujours. Des images insignifiantes en apparence, en réalité des notes d’écriture. Saisir les moments où j’aurais pu écrire. Espérer qu’au retour, en regardant les rushs, quelque chos...